Histoire du Taekwon-do

Taekwon-do

 

Le Taekwon-do est un art martial coréen qui peut être défini par « l’art de frapper avec le pied et le poing ». La définition littérale est la suivante : « Tae » c’est frapper ,casser ou briser avec le pied. « Kwon » c’est frapper, casser ou briser avec le poing. « Do » est la voie, la façon ou l’art d’accomplir quelque chose. Mais le Taekwon-do comprend également l’art du combat à main nue avec des projections, des clés de bras, des clés de jambe, du fauchage. En fait, il s’agit de l’utilisation du corps entier contre l’agresseur, contre l’injustice pour devenir un défenseur de la paix. Le pratiquant du Taekwon-do est appelé Taekwondoïste.

 

Les origines du Taekwon-do ne sont pas connues précisément. Les premiers écrits et histoires racontées datent du premier siècle avant Jésus Christ. A cette époque, la Corée était divisée en trois royaumes  (Goguryeo, Baekje et Silla). Les peintures murales des tombes royales de l’époque représentent des scènes d’entraînement et des poses basiques d’arts martiaux. Ces arts martiaux étaient très répandus dans les trois royaumes avec cependant des styles et des écoles différentes, le Subakhi dans le royaume de Goguryeo, le susa dans le royaume de Baekje et le Taek Kyon dans le royaume de Silla. Ce fut néanmoins dans le plus petit des trois royaumes, Silla, que fleurirent les arts martiaux qui lui permirent de lutter avec plus ou moins de succès autant contre les attaques des royaumes voisins que contre celles des îles japonaises et les pirates japonais.

 

 Ce royaume fut fondé en 37 avant Jésus Christ et perdura jusqu’en 935 de notre ère, il devint le plus puissant de ces trois royaumes grâce à son armée unie et disciplinée. Une élite de soldats vaillants et puissants  appelés Hwarang (jeunes nobles chevaliers) pratiquant le Taek Kyon, un art martial codifié, ont influencé par leur valeur au combat l’histoire militaire du royaume. Cette armée réussit à unifier la Corée en 688 après J.C.

 

 Le royaume de Silla tombe en 935 après J.C. et se met en place la dynastie Goryeo qui répandra le Taek Kyon encore appelé Subak. Des compétitions de Subak se mettent en place dans tout le royaume et les gagnants étaient dignement récompensés. La dynastie connut un essor commercial qui permit les échanges culturels, dont le Subak. Inversement, le royaume subit les influences d'arts martiaux étrangers. Cette dynastie durera jusqu’en 1392 et les arts martiaux seront très répandus durant cette période. 

 

La Yi dynastie prend place en 1397 après J.C et restera au pouvoir jusqu’à l’invasion de la Corée par les Japonais en 1909. Les arts martiaux étaient de moins en moins pratiqués, le Subak (ou Taek Kyon) a failli disparaître, seules quelques écoles éparpillées dans le pays continuèrent l’enseignement de cet art martial.

 

 La Corée est envahie par le Japon en 1909, ils occuperont le pays jusqu’en 1945, la fin de la deuxième guerre mondiale. Les japonais bannissent la pratique des arts martiaux, l’utilisation de la langue coréenne, et l’édition et l’écriture de livre coréens. Ils incendièrent bon nombre de livres coréens. Ce joug japonais n’a fait qu’accentuer le patriotisme coréen, les jeunes coréens se retrouvaient en cachette et pratiquaient les arts martiaux dans les temples bouddhistes. D’autres coréens partirent dans les autres pays voisins pour apprendre et étudier les autres arts martiaux de cette région du monde (Judo et Karaté au Japon, le Kung Fu en Chine). A la chute de l’empire nippon en 1945, un grand nombre d’écoles martiales avec des styles différents ont vu le jour, ces écoles alliaient le Taek Kyon, le Karaté, le judo et le Kong-Fu. Différents courants ont vu le jour et différents noms d’arts martiaux également comme le Soo Bahk Do, le Kong Soo Do, le Tae Soo Do, le Kang Soo Do…

Le général Choi Hong Hi

Choi Hong Hi est né le 9 Novembre 1918 à Hwa Dae, en Corée du nord, sous la dominance japonaise à cette époque. De constitution plutôt frêle et fragile mais doué, appliqué et déterminé, il participe à l’âge de 12 ans aux manifestations contre l’occupation japonaise. Il est renvoyé de l’école, son père l’envoie alors apprendre la calligraphie chez un maître coréen appelé Han Il Dong. Celui-ci est également maître en arts martiaux  coréens (Taek Kyon), il commence à enseigner au jeune Choi les rudiments du Taek Kyon afin d’améliorer sa condition physique.

A l’âge de 19 ans (en 1937), Choi Hong Hi part au Japon poursuivre ses études à l’université de Kyoto, il apprend l’anglais, la philosophie et les mathématiques. Il rencontre également, à Kyoto, un coréen appelé Maître Kim Hyun Soo qui lui enseigne le karaté est obtient le grade de ceinture noire 1ère Dan en 2 ans. Passionné d’arts martiaux, il apprend également le Shotokan  Karaté avec maître Funakoshi Gichin. Il s’en suit une période d’entraînement intensif tant sur le plan physique que moral, à l’université de Tokyo, Il atteint finalement le grade de ceinture noire 2ème Dan. Le Taekwon-do sera le fruit de ces différentes techniques. 

Le jeune Choi est enrôlé de force dans l’armée japonaise durant la deuxième guerre mondiale et il sera affecté à un poste à Pyongyang en Corée du nord. En 1944 Le lieutenant Choi sera impliqué dans un mouvement coréen d’indépendance contre l’occupant japonais, il sera mis en prison et son exécution est inéluctable. En prison, il continue son entraînement et finit par enrôler avec lui la majorité des prisonniers. Il est finalement libéré en Août 1945 à la chute de l’empire Japonais.

En 1945 l’armée coréenne est formée. Le lieutenant Choi Hong Hi commence à enseigner le Taek Kyon au sein de l’armée coréenne dans une école militaire appelée Kwan Ju. Il enseigna également le Taek Kyon aux soldats américains stationnés également en corée. Choi Hong Hi part en 1949  compléter sa formation militaire aux états unis où il continue à enseigner et diffuser le Taek Kyon au sein de l’armée américaine. En 1950, de retour en Corée avec le grade de général il se voit confier la mission d’entraîner les soldats coréens et notamment les commandos et l’élite de l’armée sud coréenne dans une école militaire dédiée à cet objectif.

En 1955, une première conférence entre les maîtres coréens de différentes écoles (Kwan) permet d’unifier et de mutualiser les différents styles afin de faire progresser ce nouveau ancien art martial. Le nom de Tae Soo Do est accepté par la majorité des maîtres. Choi Hong Hi suggère le nom de « Tae Kwon Do » le 11 avril 1955, qui est proche de Tae Kyon afin de rappeler la tradition et les origines coréennes, de plus le nom suggère l’utilisation des poings et des pieds. Afin de couper court à toute mésentente interne le gouvernement instaure par décret le nom de Taekwondo en 1961 et installe le Général Choi Hong Hi à la tête de l’association nationale appelée Korean Taekwondo Association (KTA). L’art martial commence alors à être diffusé dans le monde entier.

En 1966, le général Choi quitte la KTA sous la pression des leaders d'autres écoles d'arts martiaux. Il fonde sa propre fédération, d'envergure internationale, l'International Taekwon-Do Federation (ITF), qu'il crée effectivement le 22 mars 1966, à l'hôtel Chosun de Séoul. Il servira en temps que président de cette fédération jusqu’à sa mort en 2002. Afin d’avoir une diffusion internationale plus large et probablement à cause d’une mésentente avec les politiques de son pays, Choi part installer le siège de l’ITF au Canada.

 Le successeur du Général Choi à la tête de la KTA fut maître Un Yong Kim. Afin de ramener en Corée le siège du Taekwondo et par appui gouvernemental, il coupe toute relation de la KTA avec l’ITF et met en place une nouvelle gouvernance mondiale du Taekwondo appelée World Taekwondo Federation (WTA), qui bientôt se démarquera du Taekwon-do originel par les formes appelés Pomsee au lieu de Hyongs et le style de combat différent en mettant l’accent sur le côté « sport de combat » de cet art martial.

En 1980 la WTF est reconnue par l’Assemblée Générale des Fédérations  Sportives Internationales qui fait partie intégrante du Comité Olympique International. En 1988, les démonstrations de Taekwondo constituent les cérémonies d’ouverture et de fermeture des jeux olympiques à Séoul.

Le général Choi Hong Hi, à la tête d’une armée d’instructeurs et de maîtres mondiaux, continua de diffuser et d’enseigner son art tel qu’il a été créé originellement jusqu’à sa mort le 15 juin 2002. Sa succession ne s'est pas faite dans l'unanimité. Il existe maintenant 3 fédérations portant le même nom et qui sont présidées par 3 hommes différents.

Général Choi Hong Hi